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Quand nouvelle année rime avec perte de poids

Dernière mise à jour : 17 janv. 2022

Qui dit nouvelle année dit nouvelles résolutions pour bien des gens. Parmi les plus populaires, perdre du poids figure au sommet de la liste de plusieurs, surtout après une période où la nourriture était abondante, l’alcool coulait à flots et où notre routine a sans doute été ébranlée. Nombreux sont ceux et celles qui « attendent » le 1er janvier pour commencer quelque chose de nouveau, passant par un nouveau loisir, le désir de cesser une mauvaise habitude ou encore le souhait de devenir une meilleure personne sur les plans psychologiques et/ou interpersonnels. On observe également que le 1er janvier rime parfois avec motivation rocambolesque à changer son apparence physique qui se traduit bien souvent par le début d’une nouvelle diète minceur, par la privation d’aliments que l’on aime ou encore par l’entraînement démesuré et/ou qui ne nous apporte aucun plaisir. Malheureusement, cet élan de motivation subite s’estompe bien souvent aussi vite qu’elle n’est apparue…

Notre souhait, en tant que nutritionniste et future nutritionniste, c’est de vous montrer à quel point la culture des diètes est ancrée dans notre société et à quel point cette dernière peut influencer, de près ou de loin, nos choix, nos habitudes et nos émotions et souvent, de façon très insidieuse et rarement positive.


Il est vrai que la perte de poids peut parfois être plus rapide en suivant certains régimes éphémères qu’en modifiant nos habitudes alimentaires sur le long-terme. En revanche, après quelques temps à se restreindre ou se priver volontairement de certains aliments, plusieurs mécanismes peuvent nous pousser à reprendre nos vieilles habitudes et/ou à déraper encore plus pour pallier le déficit d’énergie auquel notre corps a été soumis. Notons par exemple le ralentissement du métabolisme, diminuant ainsi la dépense énergétique de base d’environ 20-30 calories par jour par kilogrammes de poids perdu (Hall & Kahan, 2018). Du côté de l’appétit, on estime une augmentation d’environ 100 calories par jour de plus qu’avant la diète, contribuant ainsi davantage au regain de poids que le ralentissement du métabolisme (Hall & Kahan, 2018). En effet, le processus d’adaptation du corps inclut également des changements endocriniens qui incitent à augmenter l’appétit et à diminuer la satiété, favorisant ainsi une diminution et/ou une stabilisation de la perte de poids (Hall & Kahan, 2018). De plus, la restriction cognitive liée au sentiment de privation est un facteur qui peut encourager les excès alimentaires ou “binges” au fil du temps (Schaumberg et al., 2016).


De façon générale, la privation et les restrictions sont maintenues pendant une courte période seulement, desquelles s’en suivent trop souvent des émotions telles que la frustration, la déception, des sentiments d’impuissance et/ou de découragement pour n’en nommer que quelques-uns. Lorsqu’on s’interdit tel ou tel aliment, on met ce dernier sur un piédestal, ce qui augmente son importance et sa valeur à nos yeux et nous donne ainsi encore plus le goût de le dévorer. L’humain est souvent attiré vers l’interdit n’est-ce-pas? Pensez à un enfant à qui on interdit de toucher à un certain objet, que fera-t-il selon vous? Autre exemple, à quoi pensez-vous si on vous dit de NE PAS penser à un éléphant bleu? Une image d’éléphant bleu est probablement apparue dans votre esprit, bien malgré vous… Ne serait-il pas plus simple de satisfaire nos envies et de les apprécier pleinement pour éviter de créer une obsession autour de nos restrictions et privations?


Bref, suivre une « diète » n’est pas une pratique durable à long-terme et ça ne permet pas réellement d’améliorer nos comportements alimentaires, car les changements se font trop drastiquement, de façon excessive et/ou la motivation/raison derrière celle-ci n’est probablement pas adéquate ni durable.

Alors, quoi faire si l’idée de perdre du poids nous chatouille l’esprit?


D'abord, on aimerait introduire le principe du poids naturel, qui se définit par « un poids souhaitable pour la santé physique et mentale, qui est la conséquence de saines habitudes de vie ». (Gravel, 2021, p. 164). C’est donc le poids que l’on a en l’absence de restrictions alimentaires, accompagné du niveau d’exercice adéquat pour maintenir une forme physique et mentale. Le poids naturel est celui qui revient de façon générale et qui n’a rien à voir avec l’indice de masse corporel (IMC) (Anorexie et boulimie Québec, n.d.).


Ensuite, on vous invite à vous questionner à savoir quelles sont les raisons derrière ce désir de perdre du poids ou de changer son apparence. Si c’est dû à la pression sociale de “cadrer dans les standards de beauté” ou parce qu’un membre de votre famille a passé un commentaire disgracieux sur votre poids durant les fêtes, non seulement la motivation risque de s’envoler assez rapidement, mais on peut également réaliser que ces motivations sont externes à nous, et donc, ne tiendront probablement pas très longtemps. Il est aussi possible que le désir de perte de poids soit relié à des raisons médicales ou parce qu’un professionnel de la santé vous l’a fortement recommandé. Nous ne sommes pas contre la perte de poids ni contre les gens qui présentent ce désir. Nous sommes contre les méthodes restrictives qui fonctionnent à très court-terme et contre l’industrie des diètes, qui est soit dit en passant très lucrative, qui vous fait de belles promesses en ne se souciant surtout pas du tout de votre état physique ET psychologique avant, pendant et après cette diète. Il est aussi très important de savoir que la promesse de perte de poids à long-terme en est une que nous ne pouvons malheureusement pas tenir, car le poids est influencé par de nombreux facteurs sur lesquels nous n’avons aucun contrôle. Mentionnons par exemple la médication, les hormones, le sommeil, la génétique, les divers problèmes de santé, l’aspect financier, etc. (Gravel, 2021, p. 113).


Ainsi, on propose plutôt de viser l’adoption de saines habitudes de vie, de bouger régulièrement et d’y prendre plaisir, de manger des aliments qui vous font du bien, et surtout d’avoir une saine relation avec la nourriture et son corps. Il est important que le changement d’habitudes se fasse de façon graduelle, car ce n’est pas en coupant un aliment précis ou même une catégorie complète d’aliments et en se sentant restreint que l’on réussit à créer des habitudes qui perdurent à long-terme. On peut commencer par des petits changements et en incorporer de plus en plus avec le temps. Parmi ceux-ci, voici quelques idées de défis plus concrets et bien moins restrictifs à ajouter sur sa liste :

  • Intégrer plus de légumes et de fruits dans nos repas

  • Manger davantage d’aliments riches en fibres et en protéines pour être pleinement rassasié

  • Consommer davantage de produits végétaux et réduire sa consommation de viande au profit des légumineuses, du tofu et des autres alternatives végétales

  • Faire de la place à tous types d’aliments et honorer ses envies

  • Découvrir de nouveaux aliments et cuisiner davantage

  • Prendre le temps de savourer les aliments et de manger en famille et entre amis

  • S'hydrater adéquatement (boire plus d'eau)

  • Se reconnecter avec ses signaux de faim et de satiété et écouter son corps (qui est une machine très sophistiquée qui nous envoie beaucoup plus de messages qu’on ne le pense, soit dit en passant)


Chose certaine, il faut y aller à son rythme et y aller une étape à la fois. Lorsque nos habitudes sont bien ancrées en nous, il est tout à fait normal d’avoir du mal à modifier nos comportements. Il faut se laisser le temps de déconstruire nos vieilles habitudes, d’apprivoiser le changement, de se fixer des objectifs réalistes tout en générant de petites victoires et surtout d’être indulgent envers soi-même parce qu’un changement ne se fait pas du jour au lendemain.

Alors pour l’année à venir (et toutes celles qui suivront), de grâce, on oublie les produits coupe-faim, les résolutions irréalistes, les diètes, les régimes, les produits amaigrissants, les produits miracles, les détoxes, les cures de jus et toutes les diètes pas possibles et masquées qui deviendront « à la mode ». On en profite également pour rappeler l’importance de suivre des sources d’information crédibles et de se renseigner auprès de professionnels qualifiés. La nutrition est une science complexe qui va bien au-delà des ouï-dire que l’on entend ici et là et des « 10 conseils pour maigrir que l’on retrouve sur le web » en « Googlant » les mots « perte de poids ». Pour la nouvelle année, on vous souhaite de croire en vous, de vous écouter davantage, d’aller chercher de l’aide au besoin et surtout d’être bien et heureux dans le corps que vous êtes et de vous rappeler que votre tour de taille ne vous définit pas en tant que personne.



*Recommandation d’une lecture très pertinente si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet: De la culture des diètes à l’alimentation intuitive par Karine Gravel, Dt.P, Ph.D.



Sources


Anorexie et boulimie Québec (Aneb) (n.d.). Il était une fois…L’histoire du poids naturel. Tiré de https://anebquebec.com/poids-naturel/il-etait-une-fois-lhistoire-du-poids-naturel


Gravel, K. (2021). De La culture des diètes à l'alimentation intuitive: Réflexions pour manger en paix et apprécier Ses cuisses. KO éditions.


Hall, K. D., & Kahan, S. (2018). Maintenance of Lost Weight and Long-Term Management of Obesity. The Medical clinics of North America, 102(1), 183–197. https://doi.org/10.1016/j.mcna.2017.08.012


Schaumberg, K., Anderson, D. A., Anderson, L. M., Reilly, E. E., & Gorrell, S. (2016). Dietary restraint: what's the harm? a review of the relationship between dietary restraint, weight trajectory and the development of eating pathology. Clinical Obesity, 6(2), 89–100.

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